CHAMP ET CONTRE-CHAMPS
a/ Le découpage s’affranchit des limites de l’observation figée
- chaque champ occulte les 3 contre-champs manquants (sauf amorces au dos).
On peut masquer une info intéressante, la laisser deviner plutôt que la montrer.
- chaque regard observant désigne son contre-champ (déjà fait, en amont ; à faire, en aval).
Ce regard peut rester sans suite visuelle (contre-champ seulement imaginé)
- chaque parole ouvre sur un contre-champ (adresse à un groupe ou à un personnage).
- chaque bruit off (important, inattendu) appelle un champ (un nouveau plan, un pano rapide).
L’inférence induite par le champ* peut être confirmée, précisée, modifiée, déroutée dans le plan suivant, voir différée quelques plans plus loin.... Ainsi, chaque cut est précédé d’une "instruction de sortie" et suivi-validé par une "instruction d’entrée", de sorte que l’on ressente, par delà le raccord temporel, une connection logique de type :
Or, mais, et cependant, en outre, par ailleurs, nanmoins, alors, soudain, et d’autre part, donc, pendant ce temps, tout à coup, car aussi bien, si donc, alors peut-être, sauf que...etc
b/ Le découpage alterne le pôle situation et le pôle personnage
- On suit un protagoniste (pôle personnage)
- le gros plan (frontal) force l’identification, l’approbation de l’état intérieur (émotionnel ou intentionnel) du "héros" ...quelle durée ?
- le recadrage (petits panos de recentrage) accentue la focalisation sur les agissements et la pensée.
- le pano d’accompagnement sur un déplacement de personnage désigne ce personnage comme moteur momentané du récit ; cependant, le narrateur ne se mobilise pas, il se contente de souligner le trajet (de près ou de loin) en l’isolant de son point de départ et de son point d’arrivée.
- le travelling avant (avec le personnage inclus de dos) est participatif ; mais on ne voit pas le but de l’action ; le travelling arrière (avec personnage face) est aussi participatif ; mais on ne voit pas le foyer de l’action, on le devine sur le visage, on l’entend dans la réplique, on l’imagine grâce au contexte amont ou grâce au contexte amont ou grâce au hors-champ contigu (sons d’ambiance, effets, dialogue off)
- On "est" le protagoniste (caméra subjective ; "hallucination" de soi dans l’autre)
- caméra prépare un mouvement de regard (changement attentionnel, saccade off ou saccade in)
- champ focalisé : un détail, un autre personnage, un élément nouveau, un danger (quelle gr d pl ?)
- caméra fixe ou mouvante ? (participation directe au déplacement du personnage cf.steadycam)
- combien de temps ? le temps d’une prise en compte, d’une adresse vocale, d’une décision ?
- On change de protagoniste à l’intérieur d’un plan (changement de focalisation)
- sortie de champ de l’un, recentrage (motivé) sur l’autre resté dans le champ
- entrée de champ de l’autre, sortie de champ de l’un etc..
- un personnage se met en mouvement, la caméra l’accompagne et "quitte" les autres
- décadrage motivé par une réplique, un bruit off (cliquetis => pano rapide)
- décadrage sans raison apparente ; mise en attente de l’intention narrative (différé du pourquoi ? que se passe t-il dans le off contigu ?) possibilité de pano (sans parallaxe de mouvement, donc la "découverte" sera plutôt transversale) ou de travelling latéral (avec parallaxe de mouvement, l’élément à découvrir est plutôt sagittal, dans la profondeur)
- on resserre, on élargit : l’info visuelle change, la caméra y choisit ou abandonne un "épicentre" (tel ou tel) au profit d’un nouveau ; on peut combiner : mouvements de comédiens (entrant, sortant) et mouvements de caméra (panos-travelling-zooms)
- On suit une situation ("description", données scéniques, interactions posssibles de l’ensemble)
- plans larges sans amorces : point de vue "en extériorité", sans prendre parti
- plans semi-larges avec amorces : voir avec, du point devue de (P1, P2... groupe, etc...)